Les lois de la nature
«Il existe une autre morale qui est éternelle, éternelle comme la première loi concernant l'agriculture dont je vous ai parlé. «Comme vous aurez semé, vous récolterez», cette loi est toujours vraie depuis la création du monde. Vous trouvez peut-être que parce qu'il s'agit d'agriculture, cela n'a rien à voir avec la morale? Mais il faut savoir qu'on retrouve dans le domaine des pensées et des sentiments les mêmes lois que dans l'agriculture. Les pensées ont les mêmes propriétés que les graines. Quand on plante une pensée dans la tête de quelqu'un, cette pensée y produit les fruits qui lui correspondent, car la tête est un sol où l'on peut planter! C'est pourquoi cette loi appartient à la morale éternelle et non à la morale humaine. Certains ont dit: «Qui sème le vent récolte la tempête». C'est encore une loi morale qui n'a jamais changé; elle est aussi absolue que les lois de la physique et de la chimie. Les agriculteurs furent les premiers moralistes. Quand ils ne sèment pas, ils n’attendent pas de récolte, et s’ils plantent des salades, ils savent qu’ils ne récolteront pas des carottes. Alors pourquoi un homme qui sème la haine et la discorde, espérerait-il récolter l’amour et la paix ? Pour avoir un palais de marbre, on n’utilise pas des briques. Pour avoir un corps sain, on n’absorbe pas des aliments en putréfaction. Donc, comment avoir un psychisme solide, résistant, une intelligence claire et un cœur généreux, si on ne cesse d’agiter des pensées et des sentiments désordonnés, empoisonnés par l’avidité ou la rancœur ? Il faut faire un triage dans ses pensées et ses sentiments comme pour la nourriture ou la construction d’une maison… Les lois qui régissent notre psychisme sont les mêmes que celles qui ont été découvertes dans les autres domaines de la nature et de la technique. Ni les hommes, ni les sociétés n’ont inventé la morale, la morale est inscrite partout dans la nature, elle est le prolongement des lois naturelles dans notre psychisme. »
La loi des causes et conséquences
« Dès que l’homme agit, il déclenche inévitablement certaines forces qui produiront aussi inévitablement certains résultats. C’est cette idée de rapport de causes à conséquences qui est d’abord contenue dans le mot «karma». Ce n’est qu’ensuite que «karma» a pris le sens de paiement pour une transgression commise. Le Karma-yoga, un des nombreux yogas qui existent en Inde, n’est rien d’autre qu’une discipline qui apprend à l’individu à se développer par une activité désintéressée grâce à laquelle il se libère. C’est au moment où l’homme introduit dans son activité la cupidité, la ruse, les calculs louches, qu’il se crée des dettes à payer, et le mot «karma» prend à ce moment-là le sens que les gens lui donnent en général : punition pour des fautes passées. En réalité, on peut dire que le karma (au deuxième sens du terme) se manifeste toutes les fois qu’un acte n’est pas exécuté à la perfection, ce qui est la plupart du temps le cas. Mais l’homme fait des essais, il faut qu’il s’exerce jusqu’à atteindre la perfection. »
« Le dharma est la conséquence d’une activité ordonnée, harmonieuse, bénéfique. Celui qui est capable d’entreprendre une telle activité échappe à la loi de la fatalité et se place sous la loi de la Providence. Ne rien faire pour éviter les tracas et les souffrances, non, ce n’est pas la bonne solution : il faut être actif, dynamique, plein d’initiative, mais en donnant à son activité d’autres mobiles que l’égoïsme et l’intérêt personnel. C’est le seul moyen d’échapper à des conséquences désastreuses. Echapper aux conséquences, c’est impossible : il y aura toujours des causes et des conséquences, quelle que soit votre activité ; simplement, si vous arrivez à agir de façon désintéressée, ce ne seront plus des conséquences douloureuses, mais la joie, le bonheur, la libération. »
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