LE SILENCE INTÉRIEUR
Vous me demandez de dire quelque chose sur le silence. Jusqu’à présent, on a beaucoup parlé et écrit sur cette question ; mais je ne veux pas vous répéter ce qu’on peut trouver dans les livres. Le silence est une question très difficile à comprendre si l’on tente de l’expliquer par des moyens philosophiques.
Il vous est arrivé, bien des fois, de sentir tout à coup un très profond silence se produire en vous, comme si le bruit intérieur (dont vous ne vous aperceviez pas jusque-là, étant donné que vous viviez quotidiennement en lui) s’était brusquement interrompu. Vous avez été étonné de vous trouver subitement plongé dans un calme inhabituel, dans un véritable silence. Cela était extrêmement agréable et vous vous sentiez libéré d’un pesant fardeau qui vous accablait lourdement. Une telle impression se produit dans différents cas. Quelquefois, c’est à un moment tragique, lors de la perte de quelqu’un ou de quelque chose qui vous est particulièrement précieux; ou encore à une heure solennelle, en présence d’un être bien-aimé, ou au cours d’une profonde méditation. Ces circonstances correspondent à différents états de silence. Le silence, la paix, la tranquillité, l’harmonie expriment, sous différentes formes, une même chose. Ne croyez pas que le silence n’ait aucun son; il y a toute une musique en lui et c’est la plus subtile, la plus douce qui soit. Nous ne l’entendons que lorsque la grosse caisse s’arrête de battre en nous. Grâce à la contemplation, la prière, la méditation, on parvient à entendre le son du silence.
La nature utilise diverses méthodes pour nous amener à sentir le silence. Après une bataille, une guerre, des luttes acharnées dans la vie, alors que toutes les forces mises en œuvre se trouvent enfin épuisées, le silence s’approche, se répand, nous enveloppe de sa cape merveilleuse. Une clarté se fait en nous et nous comprenons soudain qu’il y a quelque chose qu’on ne peut prévoir, même par les méthodes scientifiques les plus avancées; l’origine et la fin de tout. C’est le silence qui règne, ce silence d’où le cosmos est sorti et dans lequel il retournera. Le 03 avril 1945
Combien de voyageurs parlent avec émerveillement des expériences qu’ils ont faites dans le désert ou au sommet des montagnes ! Face à l’immensité, en se laissant imprégner par le silence qui règne dans ces lieux, ils ont eu, disent-ils, la révélation d’un temps et d’un espace qui ne sont pas le temps et l’espace humain ; ils ont senti une présence qui échappe à toute explication, mais qu’ils sont obligés de reconnaître comme quelque chose de réel, la seule réalité.
Faut-il nécessairement des conditions exceptionnelles pour vivre de telles expériences ? La vérité, c’est que cette présence que l’homme découvre au sein du silence, ne cesse de se manifester partout, où que l’homme se trouve. Qu’il fasse seulement taire les voix discordantes de ses instincts, de ses passions, de ses pensées et ses sentiments obscurs, chaotiques : le silence qui s’installera alors en lui aura le pouvoir de le projeter dans un autre temps, dans un autre espace, où le savoir divin inscrit en lui de toute éternité se révélera peu à peu à sa conscience.
Pensée quotidienne du 16 avril 2003
Le sage à qui vous poserez la question : « Qu’est-ce que Dieu ? » gardera le silence, car à cette question on ne peut répondre que par le silence. Seul le silence, le vrai silence, arrive à exprimer l’essence de la Divinité. Dire que Dieu est amour, sagesse, puissance, justice… c’est vrai mais ces mots ne saisissent rien de son infini, de son éternité, de sa perfection. On ne connaît pas Dieu en parlant ou en écoutant parler de Lui, on Le connaît en s’efforçant d’entrer en soi-même afin d’atteindre cette région qui est justement silence.
Le silence est la région la plus élevée de notre âme et, au moment où nous atteignons cette région, nous entrons dans la lumière cosmique. La lumière est la quintessence de l’univers. Tout ce que nous voyons autour de nous, et même ce que nous ne voyons pas, est traversé, imprégné de lumière. Le but du silence, justement, c’est la fusion avec cette lumière vivante, puissante, qui pénètre toute la création. Quand nous nous fusionnons avec cette lumière, nous ne nous demandons plus ce qu’est Dieu et encore moins s’Il existe.
Pensée quotidienne du 22 décembre 2014
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