Stella Bellemin
Le 17 janvier 1892 Eugénie Bellemin (Svezda) naquit dans une famille protestante lyonnaise dont les quatre enfants allaient rapidement se passionner pour les sciences spirituelles et ce que l’on appelle aujourd’hui la parapsychologie. Attirée non seulement par la recherche de la vérité spirituelle qui l’amènera à la découverte du Maître Deunov (qu’elle a rencontré en 1937) et de l’enseignement de la Fraternité Blanche Universelle, puis au service du Maître Omraam Mikhaël Aïvanhov, mais aussi par la recherche scientifique, elle suivra des études universitaires et, licenciée ès sciences, deviendra en 1918 membre de la Société Astronomique de France à une époque où l’élément féminin n’était pas facilement accepté dans les cercles scientifiques. Titularisée à l’Office National Météorologique, elle occupera un poste à l’aéroport de Lyon-Bron, puis à l’Observatoire de Trappes près de Paris. Elle sera l’auteur de découvertes météorologiques qui seront publiées dans des revues scientifiques. Pendant la première guerre mondiale, elle dirigera bénévolement le Service de Recherche des Réfugiés belges et français à l’Hôtel de Ville de Lyon, ce qui lui vaudra d’être décorée en 1920, par le Roi des Belges, de la Médaille de la Reine Elisabeth. Nommée par la suite à la Bibliothèque Nationale, elle s’installera à Boulogne-sur-Seine où une suite d’événements imprévus viendront en 1937 donner à sa vie une toute nouvelle orientation.
Pendant plus de quarante ans, Svezda consacre sa vie et se dévoue pleinement auprès du Maître Omraam Mikhaël Aïvanhov dans ses fonctions officielles de « Secrétaire du Maître ». Préparée dès sa naissance pour sa rencontre avec lui, elle a reçu tous les critères pour mesurer sa grandeur et nous faire prendre conscience de la valeur de son enseignement. Elle est un témoin privilégié de l’oeuvre qu’il accomplit quotidiennement. Dans son livre, Vie et Enseignement en France du Maître Omraam Mikhaël Aïvanhov, écrit en 1970, Svezda en témoigne ainsi : «J’eus maintes occasions, à cette époque, d’être surprise du comportement de Frère Mikhaël. On le sentait vivre selon des normes absolument inhabituelles. […] mais je sentais aussi la nécessité de comprendre les raisons profondes, spirituelles qui dictaient ses agissements. C’est pourquoi je prêtais attention à ses moindres gestes, tâchant d’en pénétrer les motifs. […] Dans ses mouvements, comme dans ses paroles, on sentait une volonté douce et tenace qui manifestait indéniablement la présence de l’esprit et une harmonie céleste.»
«Tout était lié, cohérent dans la vie que menait Frère Mikhaël. Jamais je ne pus découvrir une faille entre sa vie collective, ses propos et son comportement au logis. Tant d’années de vie auprès de lui me permettent de confirmer cela. Jamais il ne conseillait aux autres une chose que lui-même ne mît en pratique dans l’intimité de son existence; il était végétarien, il n’admettait pas qu’on lui rendît le moindre de ces services dont la vie en commun aurait permis de le soulager. C’était lui qui s’occupait de mettre sa chambre en ordre, de faire son lit, de balayer. Il se chargeait également de son linge dont il prenait le plus grand soin.»
«Avant tout, au premier contact avec lui, ce qui frappait était l’intense lumière qui jaillissait de lui, lumière imprégnée de douceur et d’un amour pur, impersonnel, déversé comme un flux divin sur les êtres et les choses. Il regardait avec un sentiment de don intérieur total qui n’appartient qu’aux saints et aux Maîtres. En voyant agir Frère Mikhaël, on avait l’impression que son unique tâche était d’offrir ce don divin d’amour à tous, sans aucune restriction, jeunes ou vieux, beaux ou laids, pauvres ou riches.»
«Sur le plan matériel, il "est" une volonté qui sait ne jamais agir contre les autres, il "est" une âme épurée, emplie d’un amour sacré et impersonnel : il "est" une intelligence reconnue par tous ses auditeurs comme étant particulièrement lumineuse et pénétrante, possédant d’extraordinaires pouvoirs d’analyse et de synthèse. Ce qui est plus encore, il pense ce qui est divin, il le sent et l’exécute.»
«Je me suis toujours sentie comme emprisonnée dans l’impuissance de l’animal face à l’immense stature intérieure des Maîtres. N’est-ce pas ainsi que doivent se sentir les animaux aux côtés de l’homme qui les a adoptés ? Nous pouvons faire le mieux possible à notre niveau, nous restons éternellement, infiniment au-dessous de ce que nous devrions être pour ne pas faire souffrir constamment et de mille manières insoupçonnées, les Maîtres bien-aimés que nous côtoyons. La grande leçon vécue auprès de Frère Mikhaël m’a fait réaliser combien la préparation de ceux qui veulent ou souhaitent servir les Maîtres doit être grande.»
«Plus j’observais Frère Mikhaël, plus je l’écoutais et le voyais vivre, plus je m’émerveillais de la qualité de son savoir, de sa patience extrême, de sa surprenante pédagogie et surtout de cet amour qui le poussait à se pencher sur nous, à trouver le moyen de nous expliquer si simplement et si lumineusement ces vérités, que tant de livres religieux ou philosophiques ont embrouillées d’explications confuses par l’usage d’un langage incompréhensible pour la foule. L’entendre, c’était comprendre et surtout réaliser soudain ses propres carences. C’était apercevoir un chemin pratique de transformation de soi. C’était, malgré soi, s’apercevoir que les humains sont appelés à évoluer suivant une direction voulue par le Créateur et qu’ils n’ont d’autre voie possible que s’élever et aller vers l’infini ou descendre et disparaître dans la plus extrême des limitations. Sans fard, sans ambition de paraître sans être, Frère Mikhaël abordait tous les sujets avec simplicité, se laissant aller à parler comme on pense en soi-même, à manifester la vie sous toutes ses formes : mentales, sentimentales et volontaires, passant de l’une à l’autre sans effort, étant totalement libéré de tout préjugé quant à la manière de s’exprimer et à la nécessité de s’assurer un prestige quelconque devant son auditoire.»
«J’aurais pu mentionner de nombreuses qualités possédées par le Maître Mikhaël : générosité, délicatesse, audace, clairvoyance, stabilité, etc. Je ne l’ai pas fait pour ne pas allonger démesurément ce témoignage, mais surtout, parce que plusieurs de ces qualités sont assurées par l’association des vertus dont j’ai parlé. C’est ainsi que la stabilité découle de l’union de la patience, de la bonté, de l’impersonnalité, de l’intelligence, etc. Il aurait été impossible, sans fatiguer le lecteur, d’étudier en détail un caractère aussi riche et varié que l’est celui du Maître Mikhaël. Cette diversité de dons se voit dans les différents visages qui apparaissent constamment devant nous, suivant les moments, en la personne du Maître. Le lecteur réfléchira et trouvera lui-même tout ce qui doit être compris dans l’union des qualités qui ont été citées. Celui qui, toute sa vie, au travers d’épreuves indicibles, comme au cours des jours clairs, a su manifester l’amour, le pardon, la patience sans limites, l’obéissance, la stabilité dans son idéal et sa foi, le renoncement, l’impersonnalité, le désintéressement, l’esprit de liberté, l’humilité, la pureté, la douceur et la fermeté, la simplicité, la sincérité, la sagesse, la noblesse, la maîtrise et le don de soi, qui a su rayonner ces vertus, devenues visibles même pour les petits enfants, et qui a su attirer l’attention de l’invisible, celui-là est un exemple vivant de ce que l’homme peut et doit devenir. C’est un Maître Instructeur de la vie.
Un tel Maître montre comment vivre, tout le reste il l’extériorise s’il le veut bien : mais cela ne fait pas partie de sa mission particulière. Il est capable de montrer un modèle de comment il faut agir en toutes circonstances, prouvant de ce fait qu’il a suivi la longue route d’efforts qui a traversé la durée, et qu’il est devenu un virtuose dans l’art de vivre. Il diffère en tous points des hommes qui prêchent ce qu’ils ne mettent jamais en pratique, et qui se contentent de faire un commerce de vérités spirituelles. Si, par ailleurs, un tel Instructeur possède, comme c’est le cas de Maître Mikhaël, une intelligence capable à la fois d’analyse subtile et aiguë et un esprit de synthèse étendu, il devient un pédagogue et un Maître dans le sens du terme occidental. Il est capable d’enseigner à vivre, à savoir s’élever au-dessus de toutes les contingences terrestres, à rester stable dans ses convictions, dans sa foi, dans son Idéal.»